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samedi 30 novembre 2013

Quatre saints de plâtre


Quand j'étais petit, c'est mon père qui m'emmenait à la messe, à Paris. L'église était Sainte-Geneviève-des-Grandes-Carrières, dans le XVIIIème arrondissement où nous habitions alors.

Nous nous postions toujours au même endroit, près d'un Saint Antoine de Padoue très haut sur son piédestal. C'était une statue de plâtre comme on en voit partout.

A Guémené, Grand-Mère Gustine se plaçait dans la nef, à droite de la travée centrale, à mi-distance du bas et du haut de l'église, dans doute pour retrouver ses amies. Ainsi, nous étions en général assez près de la chaire et bien loin des chapelles qui se trouvent dans les transepts.

Or ces deux chapelles sont ornées de statues de plâtres, deux chacune, auxquelles du coup je n'attache que peu de souvenirs : pour tout dire je n'y ai jamais prêté attention et c'est par hasard que récemment j'ai pris conscience de la présence de ces ornements.




On y trouve un Saint-Antoine, un lys dans la main droite, portant l'enfant Jésus. Il est dans la chapelle du Sacré-Cœur, à l'ouest, à droite de l'autel et il ressemble pas mal pourtant à mon Saint-Antoine de Paris.









De l'autre côté, ce qui pourrait bien être une Sainte Thérèse, je ne suis pas sûr...La Sainte tient sur elle un crucifix et des roses.







Dans la chapelle orientale, une Sainte Vierge un peu pâlotte joignant les mains, un long chapelet à son bras droit et des roses à ses pieds. 






De l'autre côté de l'autel, une Sainte Jeanne d'Arc qui pète la forme dans son armure et sa longue jupe bleue fleurdelisée, étendard en main, main sur le coeur.







Ce sont des statues peinturlurées aux chairs rosâtres et douceâtres. Elles ont toutes les quatre des visages poupins et juvéniles qui ont un air de bonne santé : ces saints-là ont grandi au bon air de la campagne !

Saint Antoine est plein de bienveillance pour le petit enfant qui se confie à lui et dont la petite main se saisit du lys. Sainte Thérèse semble en conversation intérieure avec son Créateur et son visage exprime des sentiments indicibles.

La Sainte Vierge est bien jeune et l'on s'attendrit un peu à contempler cette frêle silhouette qui va porter Dieu. Jeanne d'Arc s'inspire du Ciel et cela lui donne de l'émotion que trahissent ses petites joues toutes rouges.

L'une des statues, celle de la Vierge, comporte une signature sur sa plinthe. Son "fabricant" était Pierre Bouancheau dont le magasin se trouvait au 29 rue de Verdun à Nantes, dans l'ancienne Haute Grande Rue, pas très loin finalement de la cathédrale.



Si l'on en croit l'Annuaire de l'Union Fraternelle du commerce et de l'industrie, où il est encore répertorié au début des années 1920, il exerçait le métier de fabricant de statues en plâtre, en terre cuite, en carton, en pierre et en fonte de fer. Pierre Bouancheau était spécialisé dans les crèches de Noël et les chemins de croix. On trouve encore de ses fabrications dans plusieurs églises de la région.

Il eut pour successeur ou bien pour associé un certain Calac, dans ce même commerce. Il est probable que les quatre statues de l'église de Guémené proviennent du magasin de Bouancheau ou de Calac, apportées là il y a quatre-vingt-dix ou cent ans.

Un petit coup de peinture sur le visage un peu écaillé de ces braves saints leur ferait du bien...

dimanche 24 novembre 2013

François Jéhanne, cordonnier républicain oublié


Vingt lieues, ce n'est pas beaucoup, vingt lieues : quatre-vingts petits kilomètres que dut parcourir François Jéhanne pour accomplir son destin.

Il a environ vingt-trois ans quand il s'installe à Guémené, vers 1781. François Jéhanne est né à Plélan-le-Grand, en Ille-et-Vilaine, le 13 mars 1758.

Il se marie le 30 novembre 1786 en l'église de Guémené, épousant Julienne Bourgeon, une veuve de six ans son aînée. Cette veuve est la fille du marguillier de la paroisse, "honorable homme" Julien Bourgeon, qui vivait à la métairie de l’Étang, au sud du bourg. Avec un père ainsi engagé dans la conduite de la paroisse, Julienne dut être élevée dans le respect de la religion et des traditions.

De ce mariage sont issus deux enfants (au moins), Donatien et Michel. Le premier sera serrurier à Guémené, et le second, cordonnier. En cela, celui-ci suit les pas de son père François Jéhanne, lui-même cordonnier de formation (et réputé tel encore vers 1796).

François Jéhanne savait écrire et il devait être inscrit sur le rôle des impôts puisqu'il fait partie des présents lors de l'assemblée paroissiale qui se réunit le 5 mars 1789 pour écrire le cahier de doléance de Guémené et désigner les délégués de la paroisse en vue des Etats-Généraux.

La Révolution le séduit. Il se retrouve Secrétaire greffier, autrement dit celui qui va écrire dans les registres et notamment les registres d'état-civil qui remplacent les registres paroissiaux de baptêmes, mariages et décès.

Le premier, il succède ainsi à des générations de curés et vicaires qui se sont relayés depuis plus de deux siècles pour transcrire les joies et malheurs de la vie des paroissiens de Guémené.

On l'imagine écrire avec gourmandise les nouvelles formules de la nouvelle époque : "l'an IV de l'Egalité" ou bien "l'an I de la Liberté et de la République"...



On perd sa trace dans les registres assez rapidement. Et puis on apprend sa mort, prématurée, à l'âge de quarante-six ans, le 22 décembre 1804 (2 nivôse an XII de la République, an I de l'Empire). A son décès, il est huissier de la justice de paix du canton de Guémené : il participe donc encore à la nouvelle administration des choses, cette justice de paix faisant pièce à la justice seigneuriale, justice de proximité de l'ancien temps. Le juge de paix avait pour tâche, depuis 1790, de trancher sans appel les petits litiges.

Je me suis demandé à quoi pouvait bien ressembler une séance de la justice de paix de cette époque. En cherchant, je suis tombé sur un écrivain de la fin du XIXème siècle, Octave Mirbeau, inoubliable auteur du "Journal d'une femme de chambre", qui, dans une courte nouvelle, "La justice de paix", extraite de son recueil de 1886, "Lettres de ma chaumière", s'empare précisément de ce sujet.

L'auteur dédie ce récit à Maupassant qui aurait pu en effet l'écrire : chez les paysans, la morale est toute pratique et ne fait en rien référence à des valeur de savoir-vivre ; l'équité de la transaction prend le pas sur le respect des conventions mondaines. Voici le texte presque intégral :


"La justice de paix occupait, dans la mairie au rez-de-chaussée, une salle donnant de plain-pied sur la place. Rien d’imposant, je vous assure, et rien de terrible. La pièce nue et carrelée, aux murs blanchis à la chaux, était séparée en son milieu par une sorte de balustrade en bois blanc qui servait indifféremment de banc pour les plaignants, les avocats — aux jours des grands procès — et pour les curieux. 

Au fond, sur une estrade basse, faite de planches mal jointes, se dressaient trois petites tables devant trois petites chaises, destinées, celle du milieu à monsieur le juge, celle de droite à monsieur le greffier, celle de gauche à monsieur l’huissier. C’était tout.

...« L’audience » battait son plein. La salle était remplie de paysans, appuyés sur leurs bâtons de frêne à courroies de cuir noir, et de paysannes qui portaient de lourds paniers sous les couvercles desquels passaient des crêtes rouges de poulets, des becs jaunes de canards et des oreilles de lapins. Et cela faisait une odeur forte d’écurie et d’étable.

 Le juge de paix, un petit homme chauve, à face glabre et rouge, vêtu d’un veston de drap pisseux, prêtait une grande attention au discours d’une vieille femme qui, debout dans l’enceinte du prétoire, accompagnait chacune de ses paroles par des gestes expressifs et colères. Les bras croisés, la tête inclinée sur la table, le greffier, chevelu et bouffi, semblait dormir, tandis qu’en face de lui, l’huissier, très maigre, très barbu et très sale, griffonnait je ne sais quoi sur une pile de dossiers crasseux...

...Le greffier, clignant de l’œil, consulta une feuille, la tourna, la retourna, puis, promenant son doigt de bas en haut, sur la feuille, il s’arrêta tout à coup…
— Gatelier contre Rousseau, cria-t-il ! sans bouger. Est-il là, Gatelier et Rousseau ?
— Présent, dit une voix.
— Me v’là, dit une autre voix.

Et deux paysans se levèrent, et entrèrent dans le prétoire. Ils se placèrent gauchement en face du juge de paix qui allongea ses bras sur la table et croisa ses mains calleuses.
— Vas-y, Gatelier ! Qu’est-ce qu’il y a encore, mon gars ?

Gatelier se dandina, essuya sa bouche du revers de sa main, regarda à droite, à gauche, se gratta la tête, cracha, puis, ayant croisé ses bras, finalement il dit :
— V’là ce que c’est, mossieu le juge… J’revenions d’ la foire Saint-Michel, la Gatelière, ma femme, et pis Roussiau, ensemble. J’avions vendu deux viaux et, sauf’ vout’ respect, un cochon, et dame ! on avait un peu pinté. J’ revenions donc, à la nuit tombante. Mé, j’ chantais, Roussiau agaçait ma femme, et la Gatelière disait tout l’ temps : « Finis donc, Roussiau, bon Dieu ! qué t’es donc bête ? qué t’es donc éfant ! »

Et, se retournant vers Rousseau, il demanda :
— C’est-y ben ça ?
— C’est ben ça ! répondit Rousseau.
— À mi-chemin, reprit Gatelier, après un court silence, v’là ma femme qui mont’ l’ talus, enjambe la p’tite hae, au bas de laquelle y avait un grand foussé. « Où qu’ tu vas ? » que j’y dis. « Gâter de l’iau », qu’è m’répond. « C’est ben ! », que j’ dis… Et j’ continuons nout’ route, Roussiau et mé.

 Au bout de queuques pas, v’là Roussiau qui mont’ le talus, enjambe la p’tite hae au bas de laquelle y avait un grand foussé. « Où qu’ tu vas ? », que j’y dis. « Gâter de l’iau », qu’y me répond. « C’est ben ! », que j’ dis. Et j’ continue ma route.

Il se retourna de nouveau vers Rousseau :
— C’est-y ben ça ? dit-il.
— C’est ben ça ! répondit Rousseau.
— Pour lors, reprit Gatelier, j’ continue ma route. J’ marche, j’ marche, j’ marche. Et pis, v’là que j’ me retourne, n’y avait personne sus l’ chemin. J’ me dis : « C’est drôle ! où donc qu’ils sont passés ? » Et je r’viens sus mes pas : « C’est ben long, que j’ dis. On a un peu pinté, ça c’est vrai, mais tout de même, c’est ben long ».

 Et j’arrive à l’endreit où Roussiau avait monté l’ talus… Je grimpe la hae itout, j’ regarde dans l’ foussé : « Bon Dieu, que j’ dis, c’est Roussiau qu’est sus ma femme ! » Pardon, excuse, mossieu le juge, mais v’là ce que j’ dis. Roussiau était donc sus ma femme, sauf vout’ respect, et y gigotait dans le foussé, non, fallait voir comme y gigotait, ce sacré Roussiau ! Ah ! bougre ! Ah ! salaud ! Ah ! propre à ren ! « Hé, gars, que j’y crie du haut du talus, hé, Roussiau ! Voyons, finis donc, animal, finis donc ! » C’est comme si j’ chantais.

J’avais biau y dire de finir, y n’en gigotait que pus fô, l’ mâtin ! Alors, j’ descends dans le foussé j’empoigne Roussiau par sa blouse, et j’ tire, j’ tire. — Laisse-mé finir », qu’y me dit. — « Laisse-le donc finir », qu’ me dit ma femme. — « Oui, laisse-mé finir, qu’y reprend, et j’ te donnerai eune demi-pistole, là, t’entends ben, gars, eune demi-pistole ! » — « Eune demi-pistole, que j’ dis, en lâchant la blouse, c’est-y ben vrai, ça ? » — « C’est ben vrai ! » — « C’est juré ? » — « C’est juré ! » — « Donne tout d’ suite. » — « Non, quand j’aurai fini. » — « Eh ben, finis. » Et moi, j’ reviens sus la route.

Gatelier prit pour la troisième fois Rousseau à témoin.
— C’est-y ben ça ?
— C’est ben ça ! répondit Rousseau.
Gatelier poursuivit.
— V’ entendez, mossieu l’ juge, v’ entendez… c’était promis, c’était juré !… Quand il eut fini, y revint avé la Gatelière sus la route, ous que j’ m’étions assis, en les attendant. « Ma d’mi-pistole ? », que j’ demandai. « D’main, d’main, qu’y m’ fait, j’ai pas tant seulement deus liâs sus mè ! » Ça pouvait êt’ vrai, c’té ment’rie là. J’ n’ dis rin, et nous v’l’a qui continuons nout’ route, la Gatelière, ma femme, et pis Roussiau, ensemble. 

Mé, j’ chantais, Roussiau agaçait ma femme, et la Gatelière disait tout l’ temps : « Finis donc, Roussiau, bon Dieu ! qu’ t’es donc bête ! qu’ t’es donc éfant ! » En nous séparant, j’ dis à Roussiau : « Attention, mon gars, c’est juré ». « C’est juré. » I’ m’ donne eune pognée d’ main, fait mignon à ma femme, et pis, le v’là parti… Eh ben, mossieu l’ juge, d’pis c’ temps-là, jamais y n’a voulu m’ payer la d’mi-pistole… Et l’ pus fô c’est, pas pus tard qu’avant-z-hier, quand j’y réclamais mon dû, y m’a appelé cocu ! « Sacré cocu, qu’y m’a fait, tu peux ben t’ fouiller » . V’là c’ qu’y m’a dit, et c’était juré, mossieu l’ juge, juré, tout c’ qu’y a d’ pus juré. »

Le juge de paix était devenu très perplexe. Il se frottait la joue avec sa main, regardait le greffier, puis l’huissier, comme pour leur demander conseil. Évidemment, il se trouvait en présence d’un cas difficile.
— Hum ! hum ! fit-il.
Puis il réfléchit quelques minutes.

— Et, toi, la Gatelière, que dis-tu de ça ? demanda-t-il à une grosse femme, assise sur le banc, son panier entre les jambes, et qui avait suivi le récit de son mari, avec une gravité pénible.
— Mè, j’dis ren, répondit en se levant la Gatelière… Mais, pour ce qui est d’avoir promis, d’avoir juré, mossieu l’juge, ben sûr il a promis la d’mi-pistole, l’ menteux…

Le juge s’adressa à Rousseau.
— Qu’est-ce que tu veux, mon gars ? tu as promis, n’est-ce pas ? tu as juré ?
Rousseau tournait sa casquette d’un air embarrassé.
— Ben, oui ! j’ai promis… dit-il… mais, j’ vas vous dire, mossieu l’ juge… Eune d’mi-pistole, j’ peux pas payer ça, c’est trop cher… ça ne vaut pas ça, vrai de vrai !
— Eh bien ! il faut arranger l’affaire… Une demi-pistole, c’est peut-être un peu cher, en effet… Voyons, toi, Gatelier, si tu te contentais d’un écu, par exemple ?
— Non, non, non ! Point un écu… La demi-pistole, puisqu’il a juré !
— Réfléchis, mon gars. Un écu, c’est une somme. Et puis Rousseau paiera la goutte, par-dessus le marché… C’est-y convenu comme ça ?

Les deux paysans se regardèrent, en se grattant l’oreille.
— Ça t’ va-t-y, Roussiau ? demanda Gatelier.
— Tout d’même, répondit Rousseau, j’sommes-t-y pas d’z amis !
— Eh ben ! c’est convenu !
Ils échangèrent une poignée de main.
— À un autre ! cria le juge, pendant que Gatelier, la Gatelière et Rousseau quittaient la salle, lentement, le dos rond, les bras ballants."


dimanche 17 novembre 2013

Tout Bonnemant


Le 3 janvier 1790 le recteur de Guémené, "vénérable et discret messire" Charles René Ollivier de Koland, disparu des registres de baptême depuis octobre 1789, rend l'âme en son presbytère. Le lendemain, sept prêtres de Massérac, Avessac, Plessé, Conquereuil, Beslé et Vay ainsi que ses deux vicaires, Robin et Saulny, l'accompagnent à son ultime demeure, le cimetière de Guémené, à l'ombre tutélaire de la vieille église où il officia pendant trente quatre années.

Robin et Saulny vont poursuivre leur sacerdoce durant cette année 1790, le premier assurant l'intérim du recteur (il signe : "vicaire et vice-regent"). Bientôt cependant, au mois de mars 1790, apparaît un nouveau prêtre, un certain Jacques Mangeard qui semble faire office de recteur. Grosso modo, ces trois là vont assurer les services, baptêmes, mariages et sépultures tout au long de cette année 1790 et de la suivante.

Cette apparente continuité est cependant menacée par trois textes que vote ou adopte l'Assemblée nationale constituante, à Paris. C'est d'abord la Constitution civile du clergé promulguée en août 1790, qui fonctionnarise les prêtres, puis en janvier 1791, pour ces prêtres, la prestation de serment obligatoire aux lois de la Nation, et c'est enfin un décret de novembre  1791 autorisant les élus locaux à se débarrasser des prêtres opposants (réfractaires). Seul un prêtre sur cinq prêta serment en Loire-Inférieure contre un sur deux au niveau national. Autant dire qu'il y avait du bouleversement dans l'air, en Bretagne. Voyons comment il en alla à Guémené.

Après deux années de calme, les choses paraissent effectivement se gâter début 1792.

C'est d'abord Mangeard qui disparaît de la circulation, bientôt suivi de Robin et Saulny, début avril 1792. Saulny assure encore trois mariages le 3 avril dont l'acte est co-signé par Louis Mahé, François Simon, François Courgeon et François Pichard.

Dix jours plus tard, il n'y a plus de prêtres pour la sépulture de Jean Drion et l'acte est signé de François Jehanne, "Secrétaire Greffier".

Le 30 avril, on voit apparaître un certain Bonnemant (Pierre-Jean) qui signe les actes religieux en tant que "vicaire épiscopal nommé à la desservance des paroisses du district de Blain vacantes par le rappel des prêtres du département de Nantes". Que fallait-il entendre par "rappel" des prêtres ?...On reviendra sur ce personnage étonnant qui assiste à Nantes le nouvel évêque "constitutionnel" Minée (ce dernier finira épicier à Paris, après s'être défroqué et marié...).

Bonnement va faire office de curé de Guémené jusqu'à la mi-juillet 1792. A partir de cet été-là, un nouveau curé, assermenté celui-là, fait son apparition. C'est François Maillard, ancien vicaire de Derval (où il prêta serment au prône de la grand-messe le 3 février 1791), devenu depuis curé constitutionnel de Plessé, et maintenant desservant de Guémené.

Il semble dans un premier temps que Maillard ne puisse assurer totalement son service à Guémené. Plus d'une fois, François Jehanne remplit le registre à sa place, soit pour acter un baptême fait à la maison, faute de prêtre dans la paroisse, soit pour enregistrer un baptême effectué à Conquereuil ou à Vay, pour la même raison. Cette situation dure jusqu'à l'automne.

Le 20 septembre 1792, en effet, la tenue de l'état-civil est retiré aux curés par un décret de l'Assemblée nationale. Le 22 septembre, la République est proclamée.

Le 5 octobre, François Jehanne écrit pour la première fois "An premier de la République  sur un registre de Guémené. Le 23 octobre il s'enflamme : "L'an 1792, an quatrième de la Liberté, le premier de l'Egalité et de la République Française..." et se présente : "François Jehanne Secrétaire de la Municipalité de Guémené-Penfao".



On commence à ne plus parler de baptêmes, mais de naissances. Enfin parfois on mélange les deux : "le 28 octobre, an 1er de la république, a été baptisé par le citoyen Maillard, recteur de Plessé et desservant de la paroisse de Guémené-Penfao...".

Le 30 octobre 1792, on signale qu'une naissance est enregistrée "à la chambre commune de ce bourg et paroisse", première mention d'une sorte de mairie à Guémené.

Il faudra attendre encore un an environ pour voir apparaître dans les registres d'état-civil le calendrier républicain. La première date est celle d'un enterrement, le 23 brumaire an II (13 novembre 1793). A cette date, l'enthousiaste républicain François Jehanne ne signe plus les registres.

Et les autres ?

François Maillard sera plus tard maire de Guémené, percepteur et à nouveau vicaire. On dit que pendant son sacerdoce à Plessé, il dénonça un chapelain réfractaire (Gilles Gergaud) qui mourut noyé dans les "baptêmes républicains" (ou "déportations verticales") auquel Jean-Baptiste Carrier se livrait à Nantes.

Robin, l'ancien vicaire de Guémené d'avant la Révolution, finit curé du Gâvre, après avoir été vicaire clandestin de Guémené entre 1795 et 1799. Mangeard redevint curé de Guémené vers 1800.

Pierre-Jean Bonnemant, avant de devenir vicaire épiscopal constitutionnel, était un prêtre "normal" qui se vouait à l'enseignement notamment des langues. Très en faveur de la Révolution, il s'engage dans l'armée des volontaires de la République en l'An II où il devient sergent-major. On le retrouve cependant à l'Ecole Centrale, où il enseigne les langues anciennes à partir de 1796. Vers 1802, il va enseigner le latin au Lycée Impérial. On ne sait quand prend fin son enseignement. Il meurt à Nantes, rue du Moulin, le 17 novembre 1836, âgé de 82 ans, pensionné de l'Etat et prêtre habitué à Saint-Similien et Saint-Pierre.

Le bref passage de ce personnage à Guémené (deux mois et demi) aura marqué le début de la sécularisation de l'état-civil.

Marguerite Ménard raconte


Un des tous premiers posts était une vidéo issue de Dailymotion où une femme racontait en patois une histoire tirée des rimiaux de l'abbé Chenet.

En cherchant sans chercher, je me suis rendu compte que d'autres textes du bon abbé avaient été enregistrés par cette personne.

Les vidéos sont ci-après. On y voit Marguerite Ménard chez elle avec parfois son mari (?) à ses côtés. Les enregistrements, réalisés non loin de Guémené, à Vay, datent d'août 2008.

Les rimiaux mettent en scène des personnages de la région : médecin, curé,  maire ou paysans confrontés à la modernité qui gagne les campagnes. Bien entendu, ils font l'objet d'une gentille moquerie qui pointe leurs travers, leur ignorance ou leur finesse.

Je ne me souvenais pas de l'histoire des Saints de Beslé, intéressante par sa construction, car elle montre trois personnages et un rebondissement : le curé de Massérac transi de peur à l'idée de voir débarquer son évêque et qui fait une bêtise, un évêque colérique, un autre curé, celui de Beslé, plus astucieux.



La Mère Mariette - Les Histoires en Gallo - M... par Albert2121



Les Saints de Beslé - Histoires en Gallo... par Albert2121


Le Remède à deux fins - Histoires en Gallo - M... par Albert2121


L'éléctricité à Guémené - Neness 2008 par Albert2121


La Soupe aux Choux - Les Histoires en Gallo - M... par Albert2121


Le Discours du Maire - Histoires en Gallo - M... par Albert2121

Ces histoires étaient apparemment assez connues, avant la "Guerre de 40". J'en veux pour preuve cet article de Ouest-Éclair du 18 mars 1938, qui décrit une émission radiophonique "musicale" axée sur la culture régionale. Au milieu du programme, se trouve un "intermède parlé" où deux des rimiaux enregistrés en 2008 par Marguerite Ménard, sont proposés.

Leur auteur, l'abbé Chenet, avait publié ses historiettes en patois de la région de Guémené entre 1920 et 1935 (trois éditions), avec semble-t-il un certain retentissement.

On est heureux d'apprendre, à la fin de l'article, que "cette audition radio-diffusée a été favorisée par une excellente transmission"...

L'Ouest-Éclair (Éd. de Nantes)
L'Ouest-Éclair (Éd. de Nantes)
Source: gallica.bnf.fr


Le signataire de l'article, Paul Ladmirault, était un critique musical réputé et un compositeur prolifique, qui fit, dans ses chroniques, beaucoup pour la musique savante contemporaine (Fauré, d'Indy, Franck, Chausson...). Il était membre du Parti National Breton et créa des oeuvres d'inspiration celtique. La "Schola" est probablement la "Schola Cantorum de Nantes" (créé en 1913, ce choeur célèbre donc son centenaire cette année) dont faisait partie Antoinette Berthomé, mentionnée dans l'article. Ci-dessous un extrait d'une oeuvre de Paul Ladmirault :

lundi 11 novembre 2013

Le Père de tous les Maires


Bien sûr, avec un pareil titre, je pourrais vouloir parler du premier des Simon, dont tant de descendants présidèrent aux destinées du Conseil Municipal de Guémené. Cela, leur valait bien, d'ailleurs, une place dans le centre de Guémené.

Non, en ce jour du souvenir des combattants (de la Grande Guerre), je veux évoquer la figure hélas estompée d'un combattant d'une autre cause, la figure de celui qui, apparemment le premier, remplit de son séant le fauteuil de premier magistrat municipal. Et ce, à une époque où se met en place - non sans à-coups - le nouveau système politique de la France, sous la Révolution.

Guy Houguet est né le 6 septembre 1742 au village de Juzet. Il est le fils de François Houguet et de Julienne Guirouais (ou Guirois). Son parrain est Guy Guirois, notaire et procureur fiscal (probablement parent de la maman) et sa marraine, Michèle Houguet (probablement parente du papa...). 

Outre qu'il est peu banal chez les laboureurs d'avoir un parent notaire pour parrain (cela devait être bien utile), on remarque que le papa Houguet sait signer son nom. D'une écriture certes un peu tremblée, mais enfin, à cette époque, ce n'est pas forcément des plus répandus.

Bref, on sent quand même que Guy est plutôt né dans la frange relativement aisée de la paysannerie locale.

La chronique ne retient rien de sa vie, ni femme, ni enfant, jusqu'en 1789 où la Révolution en marche saisit l'homme mûr célibataire.

Le 8 août 1788, confronté à une grave crise financière, Louis XVI a convoqué les Etats-Généraux du Royaume pour le 5 mai de l'année suivante, à Versailles. Le 27 décembre 1788, il est décidé que la désignation des représentants s'effectuerai par "sénéchaussée", subdivision administrative du pays (il y en a 400, en tout).

Le nombre de députés dépend du nombre de foyers fiscaux de chaque circonscription. Ces Etats-Généraux seront aussi l'occasion pour le Roi de recevoir les doléances de son peuple : d'où la rédaction de ces fameux cahiers, par paroisse puis par circonscription.

Début 1789, à Guémené comme partout en France, se réunissent des assemblées paroissiales qui vont rédiger les cahiers de doléances et choisir des représentants.

Le 29 mars 1789, le curé de Guémené monte en chaire et lit un texte annonçant la convocation de l'assemblée paroissiale préparatoire pour le dimanche suivant, 5 avril, au lieu ordinaire de ce genre de réunion, c'est-à-dire dans l'église, au pied de la grande croix. Seuls y participent les hommes âgés de 25 ans révolus inscrits sur le rôle des impôts.

Ainsi, le 5 avril, après la "grande messe", une petite centaine de personnes, convoquée "au son de cloche", demeure sur place, sous la présidence de Michel Mahé, procureur fiscal de la châtellenie de Bruc.

Parmi eux figure "le sieur" Guy Houguet : il sera retenu comme député de l'assemblée, au côté de "du Boisfleury Potiron" (sic) et Jan Launay (comme suppléant).

Ces trois là ont pour mission d'aller au siège de la "sénéchaussée" - à Nantes, pour Guémené - y défendre les intérêts du peuple guémenois, faire la synthèse des cahiers de doléances paroissiaux et choisir les huit députés (et six suppléants) de la circonscription qui iront à Versailles. Cette séance est prévue le surlendemain, 7 avril. Pas de temps à perdre.




Cette première irruption dans la politique du sieur Houguet n'est apparemment pas sans lendemains. Guy est certes retourné à ses occupations de laboureur à Juzet où il est recensé en l'An IV (1797).

Mais il apparaît surtout sur les registres d'état-civil de Guémené comme "Président de l'administration municipale du canton" de Guémené-Penfao à partir de 1797. Cette charge lui durera jusqu'en l'an VIII, soit près de quatre ans, avant qu'un maire communal (et non cantonal) de Guémené soit nommé, en la personne de François Maillard, au printemps 1800.

Le brave homme vécut encore quelques temps. Il s’éteignit en effet le 18 juillet 1806, à l'âge de 64 ans, dans sa maison de Juzet, accompagné jusqu'à son dernier souffle par un domestique.

C'est la veuve Chauvin de Tréfoux - amante ou parente ? - qui hérita de ses biens meubles et immeubles.

dimanche 10 novembre 2013

L'intérieur de la chapelle de Tréguel


Le château de Tréguel fait partie des mes sentinelles bienveillantes. Quand je sors dans le jardin, au nord, par derrière la maison de La Hyonnais, il est toujours là, sur une colline au loin à gauche, plus on moins engoncé, selon la saison, dans son écrin vert sombre de feuillages.

Rien ne peut venir de ce côté-là que de rassurant, et je pense sans cesse devant cette image, à la grande serre qui barre le bas de sa façade, que je ne connais que par les cartes postales, et devant laquelle déroule une langue pendante de pelouse.

Je ne saurais dire vraiment pourquoi, mais ce château m'a souvent fait penser au "domaine mystérieux" où le Grand Meaulnes s'égare...

Tréguel n'est donc pour moi qu'un fantasme et sa chapelle m'est totalement inconnue.


Je dois à Isabelle Barathon et à la Mairie de Guémené, cette fois encore, de pouvoir assouvir ma curiosité, grâce à des photos suffisamment récentes pour pouvoir appréhender des éléments de décoration tout à fait originaux à Guémené.

La chapelle de Tréguel est une chapelle privée construite et aménagée au XVIIIème et au XIXème siècles. Elle est située derrière le château.

Il s'agit d'un petit bâtiment en pierre de schiste. On y pénètre par une ouverture de forme ogivale, où s'encadre une porte à double battant. Cette porte est surmontée d'une imposte percée d'un quadrilobe et de deux trilobes vitrés. A gauche de l'entrée, sur la façade, une croix a été fixée.


L'intérieur est encombré de mobilier et d'objets décoratifs. Contrairement à d'autres chapelles de Guémené, le choeur (l'autel) n'est pas isolé du reste de la pièce par une barrière de clôture.

L'autel est surplombé par une niche creusée dans le mur où se loge une grande statue de la Vierge à l'enfant. Beaucoup de choses sont disposées sur cet autel recouvert d'une nappe fleurdelisée : des chandeliers, des bougies dans des pots (de yaourt ?), des vases avec des fleurs.

Au-dessus, le tabernacle (peint) en marbre est flanqué de deux vases à l'esthétique chantournée, où sèche quelques végétaux. A droite, un lutrin supporte un livre liturgique à tranche rouge, frappé d'une croix. Aux pieds de la sainte table, à droite et à gauche, deux statues de matière sombre se font discrètes.

A droite de l'autel, un Christ en croix et dans les coins deux statues de saints (probablement), l'une avec une châsse à ses côtés, l'autre perchée sur un colonne de bois qui a un air de grosse vis.

Deux ouvertures dotées de vitraux aux motifs purement décoratifs, logées dans les murs latéraux de l'édifice, éclairent un bric-à-brac de vieux mobilier d'église : chaises paillées, prie-dieu dépareillés et même deux stalles (sous les deux ouvertures).




Evidemment, ce sont les quatre fresques colorées, plaquées sur les vieux et ternes murs de pierres nues qui attirent l'attention et nécessitent un éclaircissement.

Ces fresques sont l'oeuvre conjointe de la propriétaire du château et d'un maître fresquiste, Louis Roger. Ce dernier est co-créateur du Centre de la Fresque, situé à Blain, dont le projet est de développer cet art dans la région (des oeuvres à la chapelle Saint Germain de Vay).

Les quatre panneaux représentent respectivement : la Naissance de la Vierge (ou : le Bain de Marie) ; Les Noces de Cana ; l'Annonciation ; la Nativité (photos ci-dessous).

Ces fresques sont inspirées d’œuvres d'un artiste russe, Dionisius, qui vivait dans la seconde moitié du XVème siècle et au début du XVIème siècle. Il est considéré comme le plus grand peintre de la Vieille Russie de son époque, et de tous les temps, après le fameux Andreï Roublev.

Les fresques de Dionisius couvrent littéralement les murs intérieurs de la cathédrale de la Nativité de la Vierge au Monastère de Theraponte (Ferapontof, en russe) près de la ville de Vologda, 5 à 600 km au nord de Moscou.

Cette cathédrale est l'édifice le mieux conservé du complexe monastique russe de Vologda, et l'ensemble de fresques de Dionisius, extraordinaire et extraordinairement bien conservé, fait parfois anachroniquement parler à son propos d'une chapelle Sixtine orthodoxe.

L'inspiration des fresques originales - et donc de leurs "épigones" trégueliennes - provient de la spiritualité orthodoxe et plus précisément de la dévotion à la Vierge. Il existe en effet dans cette tradition liturgique des hymnes dit "acathistes", chants profonds dont le modèle est celui dédié à la Mère de Dieu qui évoque des épisodes de sa vie. "Acathiste" signifie simplement qu'il s'écoute debout.

Pour finir, et avant quelques photos et liens internet intéressants, je ne peux résister à faire partager une expression que je viens d'apprendre et que certains connaissent d'ailleurs peut-être, pardon pour eux. 

Comme son nom l'indique un peu, la fresque est une peinture sur mortier humide. Evidemment, le mortier va tendre à sécher. Aussi longtemps que le mortier est propice à la peinture, on le dit "amoureux". Le temps d'amour d'une surface pour fresques est d'environ six heures. Performance enviable...

Voici les photos (Tréguel et modèle russe) :












Voici les liens :

lien vers le site du Centre de la fresque à Blain : http://www.centredelafresque.fr/

- lien vers le site du musée de St Theraponte : http://www.dionisy.com/eng/

 - lien vers Youtube pour écouter un extrait de chant acathiste :
http://www.youtube.com/watch?v=y3gWi2FEQd0


dimanche 3 novembre 2013

L'intérieur de la chapelle de Juzet


Voici un second éclairage sur les chapelles de Guémené et plus particulièrement sur ce qui se trouve à l'intérieur de ces édifices qui sont, la plupart du temps, fermés à la légitime curiosité du passant...

Comme pour la chapelle de la Vieille Cour évoquée dans le post précédent, je suis redevable à la gentillesse d'Isabelle Barathon, adjointe en charge des questions culturelles à la Mairie de Guémené, de pouvoir aujourd'hui pénétrer virtuellement dans la chapelle de Juzet.


Dans la nébuleuse de mes souvenirs d'enfance à Guémené, il y a une promenade à vélo avec mes copains de La Hyonnais, Serge et peut-être Marc ou Annick. Je nous revois devant cette chapelle, pied à terre...Il est peu probable pourtant que nous y soyons entrés.

Mais avant d'y pénétrer, aujourd'hui, un détail extérieur qui avait échappé à mon attention lors des deux précédents articles consacrés à ce bâtiment : le clocheton possède une girouette en forme de petit drapeau dont le motif est un lion, le lion de St Marc. Car cette chapelle est patronnée par ce saint.



L'intérieur, dont les murs chaulés portent des traces d'infiltration, comprend un petit choeur avec un autel de bois bleuté. Le tabernacle sert de piédestal à une statue du saint protecteur, reconnaissable au félin emblématique couché à ses pieds. La statue de l'évangéliste, toute blanche, se détache sur un quadrilatère qui paraît avoir abrité, naguère, quelque représentation picturale oubliée.

Il n'y a pas de plafond et le regard tombe directement sur la charpente.

Dans cet espace assez exigu, un mobilier épars : quelques chaises au fond paillé, quelques bancs et quelques prie-dieu d'une autre époque.

On a disposé où l'on a pu des crucifix, des notices explicatives et une Sainte Vierge. Claquemurés dans ce capharnaüm, les saints personnages semblent attendre la fin nucléaire du monde des humains. Ou bien encore, serions-nous dans la tombe, épargnée par les pillards, de quelque Toutânkhamon catholique ?



Les notices explicatives font penser aux "messages de l'Humanité" envoyés par les sondes Voyager vers les hypothétiques autres mondes de l'Univers : la probabilité qu'ils touchent jamais un public semble dérisoire...

Mais nous qui sommes d'une certaine façon un autre monde, que nous disent-elles, ces notices ?

L'une parle des frairies de Guémené et de la Chapelle. L'autre évoque l'histoire des seigneurs de Juzet.

Puisqu'on est là, profitons-en !

Un peu à l'est de Guémené s'arrête la zone d'influence de l'invasion bretonne qui débuta il y a 1400 ans. Cette influence se caractérise dans les pays où elle s'exerce par l'existence d'organisations territoriales et religieuses que sont les frairies. Leur territoire, subdivision de la paroisse, était centré autour d'une chapelle où l'on pouvait recevoir des sacrements et non loin desquelles se trouvait un cimetière.

La frairie de Juzet regroupait treize villages : Bois de Brun, Les Landes, Champoulin, Le Bot, Le Haut Champ, Juzet, Lévréac, Les Landelles, La Tousche, La Châtelais, Les Drieux, Retz et Le Petit Bois.

Il est possible que le cimetière ait été à l'emplacement d'une parcelle du coin nommé "paradis" dans les vieux cadastres (je n'ai pas réussi à la situer). D'autres noms de lieux plus ou moins oubliés paraissent témoigner de l'existence passée d'autres bâtiments religieux ; "le champ aux prêtres", "les presbytères",...

Chaque année, un "pardon" avaient lieu lors duquel le patron de la frairie était honoré. Jusque dans les années 1950, le clergé paroissial célébrait la fête de ce saint patron (25 avril) et, le mardi des Rogations, une procession partait de Guémené. Aujourd'hui, tout au plus le glas serait-il sonné à la Chapelle St-Marc quand un habitant de Juzet décède.



La seconde notice rapporte que la seigneurie de Juzet remonte au XIVème siècle. C'est loin et, jusqu'à la Révolution, on se marie, on enfante et on fait valoir ses droits seigneuriaux. Notons toutefois, que c'est en 1645 que la famille de Poulpiquet du Halgouët récupère la Châtellenie de Juzet, pour ne plus la lâcher.

La Révolution secoua un peu les choses : plusieurs membres de la famille périrent ; d'autres choisirent l'exil. Un beau jour, quatre cents manants vinrent piller le château et après y avoir fait ribaude (comme dit la notice), ils mirent le feu à l'édifice. Les archives et les titres  de la familles y succombèrent, pas trop le château, néanmoins.

La tourmente révolutionnaire passée, la famille revient, trouvant un château dévasté et une chapelle saisie. Eugène 1er de Poulpiquet du Halgouët fit raser ce qui restait et veilla à la  construction du château actuel, achevé en 1854. Son fils, Eugène II, racheta la chapelle en 1932, puis transmis la propriété familiale à sa dernière fille qui la transmis elle-même à sa dernière fille, Odile d'Andigné, actuelle propriétaire.



Tout est bien qui finit bien.

NB : les photos, sauf la première qui est de mon cru, proviennent de la Mairie de Guémené ; on peut retrouver sur ce blog plusieurs autres articles consacrés à Juzet (château, vallée).