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samedi 11 mai 2013

La croix et la manière (2)


Voici le reliquat de croix campagnardes et autres calvaires dont j'ai commencé et l'inventaire et la restitution sur ce blog et dont j'ai fourni il y a une semaine une première livraison.

S'agissant d'un reliquat, il n'y a pas vraiment d'unité géographique comme la dernière fois.

On pourrait chipoter sur le choix des termes. Calvaire fait plutôt référence à un dispositif à plusieurs  personnages et, à défaut, il faudrait plutôt parler de croix. Et dans ce dernier cas, distinguer les crucifix, quand le Christ est figuré, des croix, quand il n'y a pas de Christ...Mais bon, on se comprend, c'est l'essentiel...

Dans le post précédent sur ce sujet, j'ai produit une carte avec des numéros pour chacun des dix monuments étudiés. Je reprends la même et je poursuis la numérotation à partir de 11, par conséquent.

- Vers Beslé

En sortant du bourg de Beslé par la route de Guémené, on est vite confronté au premier spécimen à environ 1 kilomètre et demi, au lieu dit La Croix (11).

Cette croix est assemblée de blocs de granit que le lichen décore ici où là de sa petite lèpre jaune.

Aucune figuration : juste une plaque de marbre blanc avec une date (1886) et une sentence latine : "Salut ô croix, unique espoir". Tout ça n'est pas très gai.






En poursuivant la route sur 300 mètres, entre les premières maisons du Bas-Méauduc et l'élevage avicole, à droite de la route, se trouve le second objet de nos recherches (12).

Le socle de maçonnerie ne se voit pas car il est tapissé de lierre, mais il paraît assez rustique. La croix, complètement rouillée, est plantée dans un parallélépipède de ciment.

Il s'agit d'un crucifix du même modèle que celui de la sortie sud de Guénouvry (9) ou que celui du chemin de Trégueneuc, vers Le Verger (8). Le Christ lève les yeux au ciel, et la croix, décorée de motifs végétaux, est flanquée à droite d'une espèce de lys.





- A droite et à gauche

Voici des éléments plus épars. Le premier m'est très familier (et très cher) puisqu'il se trouve au bout du chemin qui mène à mon hameau de La Hyonnais, au débouché du chemin qui mène à la Vieille Ville (13).

Il est rustique, situé dans un bosquet d'arbres et d'arbustes. Quelques palis marquent la réminiscence d'une clôture et quelques rondins sur le fossé permettent de s'en approcher.

La croix est directement fichée dans une table de pierre bleue qui couronne un socle de maçonnerie classique.

La croix est en métal peint de gris argenté que l'humidité a couvert d'une fine mousse verte qui confère un petit aspect maladif à l'ensemble.

Une figurine probablement féminine est au centre du dispositif, mains jointes. La croix porte des guirlandes de lierre et est accompagnée à sa droite d'un petit bouquet de roseaux.

Au total, une composition plutôt originale.







On se transporte maintenant à l'antique village de Juzet où l'on découvre une autre composition originale (14). J'aime beaucoup Juzet qui, quoique traversé par la route de Conquereuil, garde, avec ses vieilles maisons, son vieux puits et sa vieille croix, un charme suranné.

Laissée à elle-même en bord de route, au dos d'une vielle ferme, dans un parterre d'hortensias fanés et d'orties, cette haute croix de dresse pourtant fièrement.

Il s'agit d'une petite croix de pierre claire (du granit sans doute) mangée de lichen gris, dont la hampe et les bras sont cylindriques et reposent sur une base à facettes. Le tout est disposé sur un double socle de maçonnerie de pierres bleues dont le crépi demeure par endroit.





L'étape suivante nous transporte aux confins sud de Guémené, sur la route de Blain, entre le village du Luc et celui de Ligançon (15).

Dans un bosquet clairsemé de hauts pins, les pieds dans de jeunes fougères, un grand Christ blanc domine la scène, cloué à une grosse croix de bois. Ce crucifix repose sur un gros socle de pierres à l'aspect massif et assez peu rustique.

Trois marches qui peinent à résister à la végétation envahissante, peinent aussi à donner le sentiment que la composition se trouve en hauteur. 

Une dédicace sur une plaque grise, précédée d'un "O CRUX AVE" (Salut ô croix, pour ceux que le latin rebute tout à fait...) nous révèle que ce monument fut érigé à la mémoire de Madame Arnous Rivière qui devait, du coup, être quelqu'un d'important qu'on a complètement oublié. Elle indique aussi une date (17 mai 1902) et que moyennant un Pater et un Ave, on peut gagner quarante jours d'indulgence. Cela vaut le détour, non ?

Un esprit malicieux noterait enfin que le Christ semble avoir un cor au pied droit, au niveau de la première phalange du doigt médian (ou "tertius").

Enfin, la bonne dame à laquelle la plaque fait référence est probablement Louise Arnous Rivière, née Say à Nantes le 21 janvier 1849, épouse de Léonce Arnous Rivière, et décédée au même Nantes, le 17 mai 1902 précisément. J'ignore les raisons de cet hommage local, sinon que cette famille avait des attaches à Plessé, tout à côté.













Voilà pour aujourd'hui, avec en prime la mise à jour des cartes, ci-dessous. A bientôt.



3 commentaires:

  1. tout cela me donne terriblement envie de mettre mes pas dans les vôtres ! j'ai déjà les cartes IGN au 25000 ème ...

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    1. En effet, prenez votre carte et arpentez les chemins : toutes les croix ne sont pas répertoriées, hélas, sur les cartes. Il va falloir qu'on s'y mette à plusieurs !

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  2. Concernant le calvaire de Grand-Luc, vous avez tout à fait raison, il a bien été érigé en souvenir de Madame Léonce Arnous-Rivière, née Louis Say. Elle n'a pas été totalement oubliée, puisqu'elle a eut 13 enfants, et que nous sommes 993 à l'avoir comme aïeule ! Léonce et Louis habitaient au château de L'Espinay à Plessé mais leur domaine était assez vaste. Le Bois du Luc et les fermes de Grand Luc qui entourent le calvaire leur appartenaient, ce qui justifie cette implantation en bordure d'une route assez passagère. Le Bois et le calvaire sont toujours dans la famille ; la croix en chêne a été refaite en 2015 et le Christ a été décapé et repeint ! Le gros pin maritime sur la gauche est tombé lors de la tempête du 23 décembre 2019 ; il avait 90 ans. Les laricios du fond ont été plantés en 1904.

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