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samedi 6 octobre 2012

La Chapelle des Lieussaints


L'été dernier, je me suis rendu à la Chapelle Sainte-Anne de Lessaint. Il faisait beau, j'étais avec le plus jeune des mes fils âgé de 18 ans. Je n'étais pas venu moi-même sur ce site depuis une éternité. Ma mère prétend que nous y sommes passés avec mon père, qu'une photo en témoigne, mais je ne l'ai pas retrouvée et cela date de quarante-cinq ou même cinquante ans maintenant.

Malgré la période des vacances et le beau temps, nulle autre personne que nous ne venait troubler la tranquillité du lieu. La Chapelle était ouverte en prévision du pèlerinage du dimanche à venir. Nous avons pu longuement en faire le tour, lire les panneaux explicatifs, regarder les fresques murales, faire des photos.

Je vous propose ces clichés à la fin de ce post.

Pour l'heure, je vous soumets trois textes qui éclairent l'histoire ou la légende de ce lieu. L'un est tiré des 
Annales de Nantes auxquelles j'ai déjà eu recours récemment, l'autre d'un ouvrage de la fin du XIXème siècle. Le dernier provient d'un panonceau explicatif disposé à l'intérieur de la Chapelle.

Le premier texte est assez plan-plan. Il raconte platement la légende du Solitaire de Lessaint et de sa rencontre avec la Duchesse Anne.


A la fin du XVème siècle, le coteau de Lessaints fut le refuge d'un pieux vieillard, vivant solitaire, en la seule compagnie d’une biche apprivoisée.

C'est vers 1480 qu'il était venu se fixer là, n'apportant pour tout bagage que de vieilles hardes, plusieurs manuscrits rédigés et illustrés par lui-même et par les moines de Saint-Sauveur de Redon, puis surtout un coffret de bois magnifiquement ouvragé qu'il cacha dans la ténébreuse caverne de son ermitage.

Chaque matin, il montait à la chapelle et il faisait de longues oraisons, les bras en croix, sans se soucier de ceux qui passaient.

Sur ces entrefaites, Anne de Bretagne fut invitée à Pontveix en Conquereuil par le Seigneur Maxi­milien de La Chenaie. à l'occasion d'une chasse ducale dans la forêt du Gâvre.

A la fin du repas que Maximilien offrit à ses invités, le Solitaire vint demander audience à la Duchesse.

L'après-midi. Anne de Bretagne monta à la chapelle, précédée de la biche de l'ermite qui servait de guide et d'introductrice.

Le Solitaire s'avança porteur de sa précieuse cassette qui contenait des rubis et des émeraudes, des trésors remportés d'Orient par les ancêtres du moine.

Emportez ces joyaux, ma souveraine, dit le vieillard, ce sera pour achever votre cathédrale de Nantes.

La duchesse émerveillée lui promit, qu'en échange, elle lui ferait construire une belle demeure.

Non, répondit le Solitaire, je ne demande qu'une chose, c'est de faire en sorte que les landes qui entourent la chapelle y restent attenantes et n'en puissent être distraites, ni modifiées pour conserver intact le paysage à travers les siècles.

Anne de Bretagne promit et l'ermite, suivi de sa biche, s'en retourna à sa caverne, tout heureux d'avoir rendu service à son pays d'adoption.

L'autre texte est tiré d'un ouvrage de 1898 consacré aux Sept-Saints de Bretagne et aux pèlerinages à eux dédiés en divers endroits. L'auteur (Julien Taverny, assez inconnu au bataillon, par ailleurs) est un écrivain breton du XIXème. Ayant fait le tour des chapelles consacrées aux Sept-Saints en "vraie" Bretagne, il digresse, non sans aigreur, de la manière suivante :

A cette liste de chapelles des Sept-Saints situées dans les limites de leurs anciens diocèses, il faut en ajouter une autre située dans le diocèse de Nantes.

En la commune de Conquereuil (canton de Guémené-Penfao, arrondissement de Saint-Nazaire), près du château de Pont-Veix, au bord même de l'ancienne voie romaine conduisant de Blain vers la Vilaine, il existe une chapelle placée sous le vocable de Sainte Anne, mais nommée autrefois chapelle des Sept-Saints, autrement (par corruption) de Lessaint (les Saints).

On voyait autrefois dans la chapelle sept statuettes en bois, très anciennes, occupant sept niches distinctes  représentant sept saints avec leurs attributs ; mais les noms de ces saints étaient perdus, il y a près d'un demi­ siècle.

A cette époque, vers 1852, la chapelle fut reconstruite avec le goût qui préside d'ordinaire à ces réfections, les sept niches furent supprimées. Il y a vingt ans les statuettes furent offertes à un brocanteur qui n'en voulut pas ; six d'entre elles furent remisées au grenier de la chapelle neuve ; la septième, moins vermoulue que les autres, fut placée dans la choeur de la chapelle où elle figure encore sous le nom de saint Méen. 

Pour le coup, l'histoire est un peu différente de celle qu'on a l'habitude d'entendre...Et le rattachement suggéré à une vraie tradition culturelle bretonne me paraît, d'un point de vue "bretonnant", plus bretonnant que la classique histoire écolo-cucul de la Duchesse Anne et du Solitaire à la biche.

Enfin, chacun voit.

Reste donc le panonceau "officiel" situé dans la chapelle, qui met l'accent sur d'autres aspects historiques.

Le site des Lieux Saints (sic) est un lieu de fréquentation très ancien, dont l'origine n'est pas réellement connue.

Il fut, dans les temps anciens, une frairie, regroupant les villages autour : le Tahun, Les Rivières, la Holtais, la Billiais...

Le site lui-même se serait développé à partir des années 900, par l'action des moines du prieuré de Redon. Ils fondèrent là une léproserie, comprenant un village, avec ses habitations, son cimetière, et son lieu de culte.

Cette chapelle, comme tout lieu de culte de maladrerie (léproserie), est dédié à Sainte Anne.

On ne sait comment ce site a évolué au fil des siècles. Simplement l'on sait qu'en 1835, on recensait ici 6 maisons, situées près de la carrière, et un cimetière. Entre 1963 et 1968, au moment du remembrement, les quelques vestiges ont été définitivement détruits.

Bref, difficile de s'y retrouver...

Maintenant, comme promis vous trouverez ci-après les photos que j'y ai prises. Leur intérêt est bien entendu documentaire. A ma grande surprise, on voit sur les murs intérieurs de l'édifice des peintures assez jolies dans le goût italien du XVème siècle. Elles représentent des scènes de chasses. Elles sont côtoyées d'oeuvres plus faibles que je ne vous montre pas.












Enfin ce qui est sûr, c'est que la visite vaut le coup, ne serait-ce que pour le site qui est fort apaisant.

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